Le Couvent de Corbara

Le Couvent
Le cloître
La vierge du rocher

 

La CORSE a toujours été une terre de religion, et son territoire en porte encore aujourd’hui la marque par un foisonnement d’églises, de chapelles, d’oratoires, de couvents et autres œuvres d’une richesse remarquable, symboles vivant de 2000 ans de foi ardente.

 

En plein cœur de la BALAGNE, jardin de la Corse, CORBARA, clef de ce jardin, est avec son couvent un des hauts lieux de cette foi.

 

Situé dans l’ancienne pieve d’AREGNO peuplée de 5900 habitants au XVIIIè siècle, il fait donc partie d’une région au rôle important.

 

Le couvent Saint-François d'Aregno a été fondé par les Frères Mineurs de l'Observance en 1456, deux religieux,  le vénérable Frère Mariano de Muro et le Père Matteo d'Occhiatana, posèrent la première pierre de cet édifice.

 

A la Révolution Française de 1789, il connaît le sort de tous les couvents et devient un bien national. Il faut attendre 1852 pour que l’on reparle du Couvent de CORBARA. Il faut dire que depuis vingt ans, Monseigneur CASANELLI D’ISTRIA, évêque d’AJACCIO, s’attache à restaurer les ordres religieux en Corse, en les installant dans les anciens couvents. Un premier document daté du 10 septembre 1852 fait état d’une conversation entre le Père Thommaso POLIDORI et Monseigneur CASANELLI D’ISTRIA, sur l’éventualité d’un établissement des Dominicains dans l’Ile. Un certain nombre de bâtiments sont proposés.

 

En 1855, l’Evêque l’AJACCIO charge l’abbé NOBILI-SAVELLI, demeurant à ROME, de traiter à nouveau avec l’ordre de Saint Dominique. Les tractations aboutissent puisqu’en avril 1855, le Père JANDEL donne mission au Père BESSON, prieur de Sainte Sabine à ROME, de se rendre en CORSE, avec pouvoirs de faire un choix parmi les couvents à l’abandon qui lui sont proposés. Après un long périple, il est l’hôte de la famille NOBILI-SAVELLI, de SAN ANTONINO. De ce site privilègié, il admire l’immensité de la mer, les plages de sable blanc, les pittoresques découpures des montagnes et, entre mer et montagne, des petites agglomérations perchées sur les pentes ou sur les pics. Son attention est attirée par un campanile qui dresse sa fine silhouette au milieu des vignes et des oliviers. C’est l’ancien couvent franciscain de la Pieve d’AREGNO. Il demande à visiter les lieux ; il y trouve une église en grand état de délabrement, mais encore solide, ainsi que deux bâtiments : le « bracciu nuovo » qui fait face à la mer, et le « bracciu vecchio » côté montagne, en ruines. Il est toutefois séduit par la beauté du lieu, et, après des démarches auprès de la Municipalité de CORBARA, le Conseil Municipal décide de céder aux Dominicains les ruines du couvent, en se réservant la propriété de l’église conventuelle. Après une expertise des lieux, le Père JANDEL accepte ces propositions, et décide d’envoyer à CORBARA, un religieux en la personne du Père BOURARD.

 

Cet ancien avocat à succès du barreau de PARIS, conclut dès son arrivée, deux contrats relatifs au couvent et aux jardins. Ce que l’on attend des Pères, c’est qu’ils se consacrent à l’éducation de la jeunesse corse et à la prédication dans toute l’Ile. Ainsi donc, dès le 2 novembre 1855, l’affaire est conclue.

 

Avec l’aide de son frère architecte, le Père BOURARD, après signature des actes chez le notaire, peut aménager le « bracciu nuovo » en y créant douze cellules En juillet 1856, six sont prêtes et quatre anciennes aménagées. Les travaux arrêtés pendant l’hiver se poursuivent à la belle saison avec succès. Le Père revient à CORBARA. Trois frères convers, dont un maçon, lui sont envoyés. En juillet 1857, douze nouvelles cellules sont finies, le clocher est réparé et un Père est nommé au couvent en la personne du Père GREA, pour l’œuvre scolaire. L’école part bien et le nombre d’élèves va croissant de mois en mois.

 

Les travaux se poursuivent et le couvent est bientôt en parfait état : porterie, sacristie, cellules Les stalles sont posées dans le chœur de l’Eglise. On envisage des travaux dans le « bracciu vecchio ». Vingt-quatre nouvelles cellules sont prévues avant la fin de l’année. L’école va de mieux en mieux et il y a lieu de prévoir du personnel supplémentaire. Le Père BONNET arrive en décembre 1857 ; trente élèves fréquentent l’école. Malheureusement le Conseil Académique de PARIS ne donne pas l’autorisation pour la poursuite de celle-ci, et elle est fermée en août 1860.

LE Père BOURARD séjourne à nouveau au couvent du douze au dix neuf janvier 1861. Il tombe à PARIS, le 25 mai 1871, sous les balles des insurgés de la Commune, avenue d’Italie, à l’entrée de la rue Vandrezanne.

 

En 1861, des Dominicains italiens s’installent au couvent Puis en 1884, les Dominicains français y établissent un collège de philosophie et de théologie, pour des étudiants religieux de leur province. Ce collège fonctionnera une dizaine d’années avant d’être transfèré sur le continent, à FLAVIGNY-SUR-ORGE, en Côte-D’Or.

 

Les Dominicains conservent la propriété du couvent jusqu’aux Lois de Séparation de l’Eglise et de l’Etat. Ils sont chassés en 1903. L’église conventuelle étant restée la propriété de la Commune, son contenu est transféré dans l’église paroissiale du village. Les habitants sont même accusés d’avoir dévalisé le monastère. La bâtisse est abandonnée et, du 17 octobre 1914 au 23 juillet 1918, des prisonniers civils allemands et autrichiens, surveillés par 70 soldats et gendarmes, sont installés dans les cellules des moines, la sacristie et l’église transformés en dortoirs.

 

EN 1926, une société demande le couvent pour y ouvrir un préventorium, ce que n’admet pas la population corbaraise. Mademoiselle DAMIANI, restée en contact avec les dominicains en informe le Père NOEL, ancien professeur au couvent. Celui-ci fait une visite en juin 1926 pour ouvrir des négociations avec la Commune. Le Père GARDEIL, ancien gérant des études au noviciat de CORBARA vient en juillet 1927 et signe avec le Maire de l’époque, le Docteur Antoine LUIGGI, un bail qui va permettre aux Dominicains de revenir ; Ils occupent le couvent pendant 66 années.

 

Après le départ des Dominicains en 1993, le Conseil Municipal de CORBARA, dans une délibération en date du 11 janvier 1993, autorise le Maire, Monsieur Michel LUIGI, à signer un bail emphytéotique d’une durée de trente ans (1er mars 1993 au 28 février 2023), en faveur de l’Association Diocésaine du Diocèse d’AJACCIO. Le co-signataire du bail est le regretté Monseigneur Sauveur CASANOVA, évêque de la CORSE. Il y installe une nouvelle communauté religieuse, « les Frères de Saint Jean » qui, outre la gestion et le rayonnement du couvent, assurent les cérémonies religieuses d’un certain nombre de paroisses de BALAGNE.

 


Le couvent de CORBARA a vu séjourner en ses lieux de nombreux hommes illustres :

  • Pascal PAOLI profitait de ses nombreux séjours au couvent de CORBARA pour réunir ses amis et ses conseillers pour la région de BALAGNE. C’est au cours d’une visite en 1768, reçu par André SAVELLI de GUIDO, Podesta Maggiore de la Pieve d’AREGNO, chez qui il avait réuni les quatre délégués d’ARGAJOLA, que se décida la fondation de la cité de l’ILE-ROUSSE. Ces délégués, par peur des représailles, repoussèrent la demande de PAOLI de rompre avec les Génois. En colère, PAOLI, depuis la terrasse de la maison de son hôte, prononça les paroles suivantes : « Vous voyez ces cabanes de pêcheurs près de l’île rousse : bientôt surgira à cet endroit une ville qui s’élèvera sur vos ruines. ».
  • Le Père CORMIER, Maître Général de l’Ordre de Saint Dominique, fut supérieur du couvent, mais surtout celui à qui on doit la reconstruction complète du couvent. Il fut béatifié par le Pape Jean-Paul II, en 1994.
  • Frère OLLIVIER et Frère JANVIER, talentueux prédicateurs à Notre Dame de PARIS.
  • Le Père SERTILLANGES, membre de l’Institut des Sciences Morales et Politiques.
  • Le Père DIDON, philosophe, écrivain, un des plus grands prédicateurs à Notre Dame de PARIS, exilé au couvent de CORBARA en 1880 pour cause d’idées par trop libérales et engagées.
  • Guy de MAUPASSANT, écrivain français. Il y fit lors de son séjour, connaissance du Père DIDON, et tirera de cette rencontre un article caustique pour son journal « LE GAULOIS ».
  • Le Cardinal RONCALLI, alors Nonce apostolique à PARIS, qui deviendra le Pape JEAN XXIII.
  • Alain PEYREFITTE, ancien ministre du Général de Gaulle, député, Maire de PROVINS, membre de l’Académie Française, journaliste, qui appréciait le calme du couvent pour ses travaux d’écrivain.

 

Le couvent de CORBARA est le plus important de CORSE. Il reste le témoin d’une alliance privilégiée entre notre Ile et la Religion.

Pour en savoir plus : http://www.stjean-corbara.com

 

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